Les
Valois

François Ier (1494-1547)
Fils de Charles d'Angoulême
et de Louise de Savoie
Règne (1515-1547)
Symbole : La Salamandre
Devise: Nutrisco et extinguo
Epouse Claude de
France en 1514.
Ses enfants : Henri II, Madeleine, Charles Duc d'Orléans,
Marguerite
François Ier fut
un grand Roi, plus par la taille - il mesurait plus de deux mètres -,
que par ses décisions politiques qui mirent à plusieurs reprises
le pays dans une situation critique. Son règne fut marqué par
les guerres qui l'opposèrent à Charles Quint.
Brantôme le peignit
comme un roi "gaillard, affable et de bonne grâce ;
bon à son peuple , familier et privé avec les siens… courtois
et galant".
La culture française lui doit :
- la création, en
1530, du Collège royal, futur et actuel Collège de France, destiné
à contrecarrer la toute puissance de l'Université de la Sorbonne,
tenue alors par le clergé, et à promouvoir l'enseignement humaniste.
- l'ordonnance de
Villers-Cotterêt, en 1539, réformant la justice et qui fit du
français la langue officielle du Royaume.
- les magnifiques réalisations de Chambord et Fontainebleau
Voici quelques extraits
de ses lettres :
Madame, pour vous faire savoir comment
se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est
demeuré que l'honneur et la vie qui est sauve ( Lettre
de François Ier à la duchesse d'Angoulême, après la défaite de
Pavie (1525) où il fut fait prisonnier et emmené en captivité
à Madrid).
Vers écrit à sa sœur
Marguerite pendant sa captivité en Espagne :
Malgré moi vis, et en vivant je meurs ;
De jour en jour s'augmentent mes douleurs :
Tant, qu'en mourant trop longue m'est la vie :
Le mourir crains et le mourir m'est vie :
Ainsi repose en peines et douleurs !
Au commandeur d'Alcantara,
après le traité de Tordesillas par lequel L'Espagne et le Portugal
s'étaient partagé le monde :
Est-ce déclarer la guerre et contrevenir
à mon amitié avec Sa Majesté que d'envoyer là-bas mes navires ?
Le soleil luit pour moi comme pour les autres ; je voudrais
bien voir la clause du testament d'Adam qui m'exclut du partage
du monde.

Henri II (1519-1559)
Fils de François
Ier et de Claude de France
Régna de 1547 à 1559
Epousa Catherine
de Médicis en 1533.
Quelques-uns des
enfants : François II, Charles IX, Henri III, Marguerite,
reine de Navarre, première épouse de Henri de Navarre, futur Henri
IV.
Le "Chevalier
à la triste figure", ainsi le surnomma l'historien Michelet,
eut un règne marqué par les guerres et par la lutte impitoyable
contre les Réformés. Dès 1547, il crée, au sein du Parlement,
la "Chambre des Ardents" chargée de juger les hérétiques.
Un règne sombre et répressif.
Reste
à avoir bon cœur et ne s'étonner de rien,
écrivit Henri II après le désastre de Saint-Quentin, ville
conquise par Emmanuel-Philibert de Savoie.

François II (1544-1560)
Fils de Henri II
et de Catherine de Médicis
Régna de 1559 à 1560
Epousa Marie Stuart
en 1558.
François avait quinze
ans lorsqu'il monta sur le trône, mais, bien que légalement majeur,
il était incapable de gouverner. Catherine de Médicis, ne pouvant
être légalement régente, confia le gouvernement au Duc François
de Guise et à son frère le Cardinal de Lorraine, catholiques,
oncles de la jeune reine de France Marie Stuart. Après la conjuration
d'Amboise - complot protestant qui avait pour but d'enlever le
roi et les enfants de France pour les soustraire à l'emprise des
Guise -, Michel de L'Hospital, nouvellement nommé Chancelier,
fit ratifier l'édit de Romorantin (mai 1560), qui accordait aux
protestant la liberté de conscience (mais non celle du culte).
Après la conjuration
d'Amboise, s'adressant aux Guises :
Qu'ai-je fait à mon peuple, qui m'en
veut ainsi ? Je veux entendre ses doléances et lui faire
raison. Je ne sais, mais j'entends qu'on n'en veut qu'à vous.
Je désirerais que pour un temps vous fussiez hors d'ici, pour
voir si c'est à vous ou à moi qu'on en veut.

Charles IX (1550-1574)
Fils de Henri II
et de Catherine de Médicis
Régna de 1560 à 1574
Epousa Elizabeth
d'Autriche en 1570
A la mort de son
frère François II, Charles IX n'avait que dix ans, mais Catherine
de Médicis parvint à obtenir la régence.
Un règne marqué par
les guerres de religion, et surtout par la sanglante nuit de la
Saint-Barthélemy (23/24 août 1572).
L'ambassadeur vénitien
Soriano avait écrit, de façon assez prémonitoire, si l'on considère
ce qui s'est passé :
Il est vrai qu'il est de bel et noble
esprit, qu'il montre en ses actions gravité et modestie, en ses
paroles douceur et humanité, en son visage grâce et bonne humeur;
et l'on peut avoir bonne espérance, s'il vit et ne change pas,
et s'il se trouve assez de temps pour n'avoir pas ses affaires
troublées et ruinées au point qu'il soit forcé de s'accommoder
à ce qui aurait mis en usage par la négligence ou la maladresse
d'autrui.
Charles IX avait
deux passions, la poésie (il prescrivit par ordonnance aux poètes
de mesurer leurs vers selon la métrique ancienne, et fut proche
de Ronsard et de Du Baïf dont il soutint l'Académie de Musique
et de Poésie) et la chasse - il a écrit un ouvrage didactique
de vénerie : Le Livre de la Chasse du Cerf (1559),
qu'il dédia à son maître en vénerie Mesnil par ces mots :
La gloire en sera premièrement à vous
de m'avoir si bien instruit, et puis à moy d'avoir si bien retenu.

Henri III (1551-1589)
Fils de Henri II
et de Catherine de Médicis
Sa devise : Manet ultima coelo
Roi de Pologne de
1573 à 1574
Régna sur la France de 1574 à 1589
Création de l'Ordre de Chevalerie du Saint-Esprit, en 1578.
Il épousa Louise
de Vaudémont-Lorraine en 1575.
Il n'eut pas d'enfant
Un roi juste, intelligent,
très religieux, avec de grandes qualités de gouvernement. Il fut
un roi législateur et réformateur. Brillant orateur, mais avec
des idées trop en avance sur son temps, il eut le malheur de régner
lors de l'une des périodes les plus difficile de l'histoire France.
La fin de son règne fut un véritable bras de fer avec le Vatican.
Il subit de la part de la Ligue (parti ultra catholique financé
par le Vatican et l'Espagne) la campagne de calomnie la plus violente
et la plus infamante qu'eût jamais à subir un roi de de France,
une campagne qui de nos jours encore continue à ternir son image,
si violente qu'elle finit par l'appel au régicide lancé par les
prêtres du haut de leur chaire, meurtre que le Pape Sixte V, en
excommuniant le souverain, avait rendu possible, tacitement autorisé,
et dont il se félicita par la suite. C'est ce fanatisme exacerbé
que ce roi épris de paix eut à affronter tout au long de son règne.
Henri III fut un
roi shakespearien pris entre sa volonté de faire le bien pour
son royaume et les menées de tous ceux, qui de l'intérieur du
royaume comme de l'extérieur, essayèrent de précipiter sa chute
pour servir leurs intérêts. La France n'ayant choisi ni le camp
protestant, ni le camp catholique, elle était devenu un enjeu
pour les puissances étrangères, chacune essayant de la faire basculer
de son côté. Henri III réussit néanmoins à sauver l'essentiel
et à transmettre la couronne, malgré l'opposition qu'il rencontra,
à son héritier légitime, mais un Protestant, Henri de Navarre.
La France lui doit d'avoir, malgré les pressions, préservé la
souveraineté de son état et son indépendance en refusant d'y établir
l'Inquisition - car c'est à cela que la Pape et l'Espagne ont
essayé de l'acculer. Les navires Espagnols, postés à l'embouchure
de la Seine, attendaient le premier faux pas pour avoir prétexte
à entrer dans le Royaume ; ils amenaient avec eux tout l'appareil
de l'Inquisition.
Henri III était un
roi intellectuel, et religieux et au point de vue artistique,
les temps ne se prêtaient guère aux grandes entreprises culturelles.
Ses créations, et initiatives sont plus du domaine de l'esprit
:
- l'Ordre de Chevalerie du Saint-Esprit, 1578.
- l'Académie de Palais, où les plus grands esprits du Royaume
venaient débattre de questions philosophiques devant une partie
de la Cour.
- une confrérie religieuse de Pénitents, Hiéronymites.
- Nous reviendrons dans les parties consacrées aux divertissements
sur les ballets et les quelques grandes fêtes données sous son
règne, mais la plupart du temps à l'initiative de la Reine-mère
Catherine de Médicis.
.
Quelques-unes de
ses déclarations :
Quiconque se serait tant oublié que
de médire de ma personne ou de mes actions aurait fait acte méchant
et indigne d'homme de bien. (à Louis de Gonzague, duc
de Nevers, 21 mars 1586).
Je
voudrais qu'on fît un coffre à deux clés duquel l'une me demeurerait
et l'autre aux États sans l'avis desquels je ne pourrais rien
mettre sur mon peuple… Il est bien vrai que quelques-uns de mon
conseil ne sont pas de cet avis et disent que ce serait me régler
sur le duc de Venise et rendre mon État à demi démocratique. Mais
je le ferai. (Etienne Bernard, Journal, 9 déc.
1588).
Qui
jugera sans passion tout ce qui se fasse et ne voudra se laisser
beffler verra clairement si toutes les paroles et les effets qu'on
invente contre moi sont conformes à la vérité et à ce qu'on me
voit faire… Je ne veux, sinon la vérité.
(à Jean de la Barrière, 1588).
Ses dernière paroles :
À Henri de Navarre : Mon frère,
vous voyez l'état auquel je suis ; puisqu'il plaît à Dieu
de m'appeler content en vous voyant auprès de moi. Dieu en a ainsi
disposé, ayant eu soin de ce royaume, lequel je vous laisse en
grand trouble. La couronne est vôtre après que Dieu aura fait
sa volonté de moi. Je le prie qu'il vous fasse la grâce d'en jouir
en bonne paix. A la mienne volonté qu'elle fut aussi florissante
sur votre tête comme elle l'a été sur celle de Charlemagne. J'ai
commandé à tous les officiers de la couronne de vous reconnaître
pour leur roi après moi…
Au Princes présents : Je vous
ai tantôt dit que je désire que vous demeuriez tous unis, pour
la conservation de ce qui reste d'entier dans mon État, car la
division entre les grands d'un royaume est la ruine des monarchies
et le roi de Navarre est le légitime successeur de cette couronne.
Vous n'ignorez pas la juste obéissance que vous lui devez après
moi.
Témoignage sur son
action :
Le
feu roi avait très bien commencé à rétablir la justice et à soulager
le peuple et je crois fermement que, sans la Ligue, il eût encore
mieux achevé. (le marquis de Villeroy au Président
de Vair, 1er août 1594).

Les
Bourbon

Henri
IV (1553-1610)
Fils d'Antoine de
Bourbon et de Jeanne d'Albret
Roi de Navarre
Régna de 1589 à 1610
Epousa Marguerite
de Valois en 1572, et Marie de Médicis en 1600
Enfants : Louis
XIII, Gaston d'Orléans, Henriette-Marie
"Le
roi est si chenu que, bien qu'il n'ait que quarante-huit ans,
il en paraît soixante, signe des travaux et fatigues qu'il a soufferts ;
et pourtant, il est robuste de corps et avec une grande vigueur
d'esprit : il fait grand exercice et souffre s'il se tient
tranquille. Il fatigue tout le monde, et avec sa médecine dans
le corps il va à la chasse ; il prend nourriture gaillardement
deux fois par jour ; il fait des désordres dans les plaisirs
de Vénus ; il dort peu et a le sommeil prompt ; il souffre
d'indispositions ; il est d'esprit rapide et très "accort" ;
il sait tout et parle de tout"
(rapport de l'ambassadeur Vendramin à la Sérénissime).
C'est, tracé en peu
de lignes, l'image qu'a laissée Henri IV ; un homme d'action
robuste et infatigable. Il passa une bonne partie de son règne
à reconquérir le pays et à régler les problèmes religieux. Il
confia la gestion du pays à Sully qui y développa les industries
(Les Gobelins, la Savonnerie datent de cette époque), le commerce
(Compagnie des Indes) et les voies de communication. Il clôt le
chapitre des guerres de religion par un l'édit de Nantes en 1598,
qui accorde aux Protestants la liberté de conscience et de culte.
De nombreuses constructions
: place Royale (actuelle place des Vosges), place Dauphine,
Hôpital Saint-Louis, agrandissement des châteaux du Louvre, de
Fontainebleau et de Saint-Germain.
Derrière l'infatigable homme de guerre se cache pourtant un homme
lettré et de beaucoup d'esprit. Quelques-unes de ses pensées :
C'est de tout temps que l'ignorance en
a voulu à la science.
Il
y a grande différence entre hérésie et erreur : tous ceux
qui tiennent une hérésie ne sont pourtant hérétiques : hérétiques
sont ceux proprement qui procèdent par ambition ou opiniâtreté.
Plutarque
me sourit toujours d'une fraîche nouveauté ; l'aimer c'est
m'aimer, car il a été l'instituteur de mon bas âge. Ma bonne mère
à qui je dois tout..., et qui ne voulait pas, disait-elle, voir
en son fils un illustre ignorant, me mit ce livre entre les mains,
encore que je ne fusse à peine plus qu'enfant de mamelle. Il a
été comme ma conscience et ma dicté à l'oreille beaucoup de bonnes
honnêtetés et maximes excellentes pour ma conduite et pour le
gouvernement des affaires. (lettre à la Reine).
À Gabrielle d'Estrées :
Je vous écris, mes chers amours, des
pieds de votre peinture, que j'adore seulement pour ce qu'elle
est faite pour vous, non qu'elle vous ressemble. J'en puis être
juge compétent, vous ayant peinte en toute perfection dans mon
âme, dans mon cœur, dans mes yeux.
Au Clergé de France,
sur leurs Assemblées : Je vous
veux maintenant dire un mot en père. Je suis offensé de la longueur
de votre assemblée et du grand nombre de vos députés. L'on assemble
ainsi un si grand nombre de personnes quand on a envie de ne rien
faire qui vaille.

Louis
XIII (1601-1643)
Fils de Henri IV
et de Marie de Médicis
Régna de 1610 à 1643.
La régence fut confiée à sa mère jusqu'à sa majorité en 1614.
Epousa Anne d'Autriche
en 1615
Enfants : Louis XIV, Philippe
La régence fut marquée
par l'élévation d'un aventurier, favorisé par la régente, Concino
Concini, Maréchal d'Ancre. Et, bien qu'en 1614, Louis XIII eût
proclamé sa majorité, il était tenu écarté des affaires. Son premier
acte de pouvoir fut donc l'assassinat de Concini, par lequel il
reconquit sa couronne. Avec Louis XIII commença la série des Ministres
tout-puissants, d'abord Richelieu, puis Mazarin. Son règne fut
marqué par les multiples complots en faveur de son frère Gaston
d'Orléans, et dont certains impliquèrent même la reine.
Quant à la personnalité
du roi, un ambassadeur vénitien, Angelo Correr, l'a décrite :
Louis XIII, prince de mœurs exemplaires
et d'une pureté de vie non ordinaire, arrive à l'âge de quarante
ans, persiste plus que jamais dans une parfaite modération, loin
du luxe et des crapules, du jeu et des amours… Il porte avec grande
raison le surnom de juste, et même presque de sévère. Dans les
affaires graves, il a du bon sens ; il pénètre avec vivacité
le fond des choses, mais il ne vient jamais à aucune délibération
sans le conseil de qui il estime le plus.
Le roi était artiste
et musicien. Il fut l'auteur d'un divertissement de Cour pour
son château de Chantilly, le Ballet de la Merlaison, pour
lequel il écrivit le texte, composa la musique et organisa le
ballet. Il composa également des motets. Mersenne, dans son Harmonie
Universelle publia une des compositions du roi "Tu crois,
ô beau soleil", dans un arrangement pour clavier.
Tu
crois, ô beau soleil
Tu
crois, ô beau soleil,
Qu'à ton éclat
rien n'est pareil
En cet aimable
temps
Que tu fais
le printemps.
Mais quoi !
tu pâlis
Auprès d'Amaryllis
Oh !
que le ciel est gai
Durant ce gentil
mois de mai !
Les roses vont
fleurir,
Les lys s'épanouir.
Mais que sont
les lys
Auprès d'Amaryllis ?
De
ses nouvelles pleurs
L'aube va ranimer
les fleurs.
Mais que fait
leur beauté
À mon cœur
attristé
Quand des pleurs
je lis
Aux yeux d'Amaryllis ?
Quelques citations
:
A propos de l'exécution
de Montmorency : On ne doit pas
être fâché de voir mourir un homme qui l'a si bien mérité. On
doit seulement le plaindre de ce qu'il est tombé dans un si grand
malheur.
A un de ses familiers
qui le conseillait après que Mademoiselle de Lafayette eut résolu
d'entrer au couvent : Ne
vous avisez jamais de me tenir pareil discours. Il est vrai que
je suis amoureux et n'ai pu m'en défendre parce que je suis un
homme. Mais je sais ce que je dois à Dieu, qui me défend d'aller
plus loin et je lui dois d'autant plus d'autant plus d'obéissance
et de soumission qu'il m'a mis au-dessus de tout.

Louis
XIV (1638-1715)
Fils de Louis XIII
et d'Anne d'Autriche
Devise : Nec pluribus impar
Régna de 1643 à 1715
Régence d'Anne d'Autriche
de 1643 à 1651
Épousa Marie-Thérèse
d'Autriche en 1660
Enfants : nombreux, tant légitimes que bâtards, mais c'est
son arrière petit fils qui lui succéda.
Le début du règne
fut marqué par les deux Frondes, d'abord celle du
Parlement, relayée par celle des Princes qui se révoltèrent quand
la Régente fit arrêter Condé, Conti et Longueville qui contestaient
son pouvoir et ses décisions. La proclamation de la majorité du
roi fut suivie d'une période d'anarchie. En 1652, le roi,
en lit de justice, interdit au Parlement de s'occuper des affaires
d'État. La situation fut néanmoins rétablie par le cardinal Mazarin,
ministre tout-puissant, et véritable dirigeant malgré la majorité
du roi. Tirant expérience de tous les événements qui avaient marqué
son enfance et sa jeunesse, à la mort de Mazarin, Louis XIV, alors
âgé de vingt-deux ans s'octroya les plein pouvoirs, et allant
contre la coutume établie par ses prédécesseurs, il refusa de
nommer un premier ministre, décidant que désormais, tout passerait
par lui. Les événements de la Fronde des Princes, lui avait montré
la nécessité également de museler la grande aristocratie et de
limiter sa puissance et son champ d'action ; Louis XIV fit de
la vie de Cour un instrument de contrôle des grands.
Louis XIV fut un
roi extrêmement intelligent et qui apprit son métier en observant,
car son éducation fut plus que négligée. Il conçut sa fonction
comme indissociable de sa personne.
Au point de vue artistique,
nul n'ignore plus maintenant que Louis XIV aimait les arts, la
musique et la danse, qu'il avait le jugement très sûr et qu'il
était lui-même un excellent danseur. La musique, sous son règne,
l'accompagna en toute occasion. Il sut plus qu'aucun autre souverain
utiliser les arts pour servir son image et sa puissance.
La liste des spectacles
et réalisations artistiques en tout genre qu'il a commandées serait
trop longue. Notons cependant qu'à la mort de Mazarin son premier
acte souverain fut la création de l'Académie royale de danse.
Les autres Académies suivirent à plus ou moins long terme.
Voici quelques citations
tirées de ses Mémoires :
Il
m'a semblé nécessaire de vous marquer, mon fils, de peur que par
un excès de bonne intention dans votre première jeunesse, et par
l'ardeur même que ces Mémoires pourront exciter en vous, vous
ne confondiez ensemble deux choses très différentes : je
veux dire gouverner soi-même, et n'écouter aucun conseil, qui
serait une autre extrémité aussi dangereuse que celle d'être gouverné.
Les particuliers les plus habiles prennent avis d'autres personnes
habiles dans leurs petits intérêts. Que sera-ce donc des rois
qui ont en main l'intérêt public, et dont les résolutions font
le mal ou le bien de toute la terre ? Il n'en faudra jamais
former d'aussi importantes, sans appeler, s'il était possible,
tout ce qu'il y a de plus éclairé, de plus raisonnable et de plus
sage parmi vos sujets.
Quant
aux personnes qui devaient seconder mon travail, je résolus sur
toute chose de ne point prendre de premier ministre ; et
si vous m'en croyez, mon fils, et tous vos successeurs après vous,
le nom en sera pour tout jamais aboli en France, rien n'étant
plus indigne que de voir d'un côté toutes les fonctions, et de
l'autre le seul titre de Roi.
Le
travail n'épouvante que les âmes faibles ; et dès lors qu'un
dessein est avantageux et juste, ne le pas exécuter est une faiblesse.
Cf
- Louis XIV - De l'utilité
des Fêtes & des Divertissements.

Louis
XV (1710-1774)
Fils de Louis de
Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie. Arrière-petit-fils de
Louis XIV.
Régence de Philippe
d'Orléans de 1715 à 1723
Régna de 1715 à 1774
Epousa Marie Leszczynska,
en 1725
Ses enfants : Marie-Louise, Anne-Henriette, Louis (mort
en 1765)
Un roi de belle apparence,
au caractère impénétrable, et qui laissa une impression de froideur
et d'indifférence. Ses gestes et ses propos décèlent pourtant
un prince profondément humain. Peut-être eut-il simplement le
malheur de ne pas trouver de bons ministres. Un règne marqué aussi
par les grandes favorites, notamment madame de Pompadour, grand
amateur d'art et mécène, et la Du Barry…
Louis XV à travers
ses propos :
Ce
siècle-ci n'est pas fécond en grands hommes et il serait bien
malheureux pour nous si cette stérilité n'était que pour la France.(au
Maréchal de Noailles, 21 octobre 1743).
Les
envieux mourront, mais non jamais l'envie, et tant que vous n'y
donnerez pas plus de prise, souciez-vous peu de ce qu'ils feront
et diront. Qui est-ce qui est à l'abri des discours ?
(au Maréchal de Noailles, 20 mai 1743).
Voyez
tout le sang que coûte un triomphe ! Le sang de nos ennemis
est toujours le sang des hommes ; la vraie gloire est de
l'épargner. (au Dauphin, alors qu'ils chevauchaient
sur le champs de la bataille de Fontenoy où les troupes du Maréchal
de Saxe avaient vaincu l'armée anglaise et ses alliés hollandais
et autrichiens, 11 mai 1745).
À propos de Damien
qui avait essayé d'attenter à sa vie (1757) :
Qu'on arrête ce malheureux, mais qu'on
ne lui fasse pas de mal.

Louis
XVI (1754-1793)
Petit fils de Louis
XV.
Il épousa Marie-antoinette
d'Autriche en 1770.
Un roi bon, mais
trop timide et indécis - trop réfléchi, peut-être. Intelligent
et lucide, plus qu'on ne l'a dit. Le Marquis de Benséval le décrit :
Rien de plus pur que les intentions de
Louis XVI ; son sens est droit, son cœur vertueux, mais son
caractère est faible et mou. L'éducation n'a point redressé les
défauts de la nature.
Sa plus grande erreur
fut peut-être de rappeler les anciens parlements qui s'opposèrent
systématiquement à toute réforme. Il fut également desservi par
l'attitude frivole de la reine.
Les observations
qui suivent, tirées de ses écrits, montrent que ce roi ne méritait
à coup sûr pas la réputation d'imbécile qu'on lui a faite, ni
le qualificatif de tyran qu'on lui a accolé, et encore moins une
condamnation à mort. D'après ces textes, on peut plus certainement
conclure qu'il a péri pour avoir été plus philosophe que tyran.
Ces extraits sont tirés de Réflexion sur mes Entretiens avec
le M. le Duc de Vauguyon :
Les
Français ont un courage vif et impétueux qui leur assure presque
toujours la victoire ; mais cette valeur ne se soutient que
par le succès. Ils veulent tout brusquer, tout emporter d'emblée,
sans quoi ils se découragent aisément ; ils savent gagner
des batailles, mais ils ne savent pas les perdre, et le moindre
échec est pour eux une entière déroute et un malheur presque irréparable.
Le
Français veut toujours finir et jamais attendre.
Les
Français sont railleurs et médisants ; ils tournent les choses
les plus sérieuses en plaisanterie, et sont toujours prêts à donner
du ridicule à ce qui leur déplaît.
Sur Rousseau et Voltaire :
Si Rousseau, avec son caractère atrabilaire,
eût soupçonné le mal que produiront un jour ses écrits, je suis
persuadé qu'il ne les aurait jamais mis au jour. Il est en cela
contraire à Voltaire, qui aurait émis sa pensée quand même il
eût été assuré qu'elle aurait bouleversé un État. C'est un homme
qui avait encore plus d'orgueil que d'esprit.
Je
voudrais qu'il y eût moins de distance entre le peuple et les
grands. Le peuple ne croirait pas les grands si grands qu'ils
ne sont, et il les craindrait moins ; et les grands ne s'imagineraient
pas le peuple plus petit et plus misérable qu'il ne l'est, et
ils le craindraient davantage.
Sur les droits d'auteur :
J'ai toujours regretté que les œuvres
de ces génies qui deviennent l'honneur et le patrimoine de la
nation laissent sans aisance leurs descendants quand tant d'autres
s'en enrichissent. Ce que j'ai fait il y a cinq ans pour régler
les droits des auteurs, est loin malheureusement d'avoir obvié
à tous les inconvénients de ce genre.
Je
voudrais pouvoir récompenser tous les grands talents qui honorent
leur siècle en contribuant à la civilisation et au bien-être des
peuples. (lettre au duc de la Vrillière, 24 août 1774).
Au marquis de Bouillé,
3 juillet 1791 : Je ne murmure
point contre la Providence ; je sais que le succès dépendait
de moi ; mais il faut une âme atroce pour verser le sang
de ses sujets, pour opposer une résistance et amener la guerre
civile en France. Toutes ces idées ont déchiré mon cœur ;
toutes mes belles résolutions se sont évanouies. Pour réussir,
il me fallait le cœur de Néron et l'âme de Caligula.

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