Le Ballet de l'Aventure de Tancrède
en la Forêt enchantée

1619

 

Ballet en un prologue et quatre tableaux.

Livret de Porchères et Bordier d'après La Jérusalem délivrée du Tasse. Musique de Guédron et Belleville. Mise en scène de Francini. Des danses de cour alternent avec les ballets géométriques. Et les machines et les effets spéciaux y sont utilisés.
Ce ballet fut commandé par monsieur de Luynes et joué dans la Grande Salle du Louvre. On le trouve décrit par Scipion de Gramont.

Argument:

Prologue : le siège de Jérusalem.

Premier tableau : la forêt. Le magicien Ismen, allié de Saladin, y combat, aidé de satyres et de dryades, les bûcherons chrétiens chargés de construire les machines de guerre destinées au siège de la ville sainte. Tancrède et se chevaliers combattent et vainquent le magicien et ses créatures. On y assiste à une impressionnante danse des divinités infernales. Dans une danse du feu, Pluton embrase la couronne de Proserpine qui transmet ce feu au douze divinités entrée trois par trois. L'acte se termine avec l'embrasement de la forêt, réalisé par un artificier.

Deuxième tableau : Tancrède délivre Clorinde prisonnière d'un cyprès magique. Après la pyrotechnie, cet acte joue davantage sur la sentimentalité.

Troisième tableau : La scène se transporte dans le temple. Des anges musiciens et chanteurs descendent sur la scène.

Quatrième et dernier tableau : Les Chrétiens ont vaincu et chantent les louanges du Roi et de son favori.

Bien qu'étant une création artistique de qualité, et à part entière, alliant musique, danse et spectacle, ce ballet avait également une importante signification politique. Le duc de Luynes était le favori de Louis XIII. Deux ans auparavant, il avait aidé ce dernier à se défaire du tout puissant maréchal d'Ancre, favori de la Régente, sa mère, et de la régente elle-même. De 1617 à 1619, Luynes avait pris la place du maréchal d'Ancre, s'était fait attribuer ses biens, avait accumulé les honneurs et avait fait beaucoup d'envieux et de mécontents. Sentant sa position menacée, ce ballet était un moyen pour lui de rappeler ses liens avec le roi, d'où le choix du thème du ballet et l'importance de son final.