Voir aussi Les Fêtes pour
le mariage du Duc de Joyeuse.
Ballet de Baltazar
de Beaujoyeulx. Vers du père La Chesnaye, aumônier
du Roi. Musique instrumentale, le bassiste et luthiste Lambert
de Baulieu, et François Cajetan, un disciple de du
Baïf qui disait composer une musique "mesurée". Musique
vocale de Jacques Salmon, chantre et valet de la chambre
du Roi. Décors de Jacques Patin, peintre du Roi.
Beaujoyeulx a conçu son ballet comme une oeuvre d'art totale en
laquelle devaient se mêler de façon harmonieuse les disciplines
qu'étaient la danse, la musique et la poésie. Le Ballet fut conçu
comme une action parlée et chantée. Dans son introduction, Beaujoyeulx
écrivait : Il ne faut tout attribuer
au ballet sans faire tort à la comédie... Ainsi, j'ai animé et
fait parler le ballet et raisonner la comédie et, y ajoutant plusieurs
rares et riches représentations et ornements, je puis dire avoir
contenté en un corps bien proportionné l'oeil, l'oreille et l'entendement.
L'argument
: Les enchantements de la magicienne Circé.
Prologue :
un gentilhomme échappé du Palais de la magicienne Circé vient
demander au Roi de France son aide.
Intermède :
Trois sirènes et un triton chantent à quatre voix, et le choeur
de la voûte dorée répond.
PREMIERE
PARTIE
Entrée
d'un char portant une fontaine cascadante porte sur une plate-forme
le compositeur Baulieu dans le rôle de Glaucus, qui s'accompagne
à la lyre, et sa femme dans celui de Thetys. Au-dessus, la reine
Louise, sous un dais d'or, figure une Néréide. Autour d'elle,
onze autres Néréides. Le char fait le tour de la salle et sort.
Ballet
géométrique à douze passages, exécuté par les nymphes qui entrent
accompagnées de violons et de pages porte torches.
Entrée
en scène de Circé qui pétrifie les 12 danseuses et leurs compagnons.
On entend le tonnerre et un nuage descend portant le dieu Mercure.
Mercure rend mouvement aux pétrifiés, mais Circé intervient et
pétrifie a nouveau tous les protagonistes, Mercure compris. La
magicienne emmène ses prisonniers dans son château. Le rideau
de fond tombe, et l'on voir le Palais de Circé illuminé. Circé
y parade en vainqueur, Mercure étendu à ses pieds. Autour
d'eux, les autres prisonniers qu'elle a transformés en animaux.
DEUXIEME
PARTIE
Intermède
: exécuté par huit satyres flûtistes et chanteurs
Entrée
d'un char sur lequel se trouvent des Dryades. L'une fait appel
à Pan qui promet son aide.
Intermède
lyrique : quatre vertus chantent avec réponses de la voûte
dorée.
Entrée
de Minerve sur un char tiré par un dragon. Elle salue le Roi,
appelle Jupiter. Celui-ci monté sur un aigle descend dans un bruit
de tonnerre accompagné d'éclairs. Il salue le Roi, son fils, convoque
Pan qui, accompagné de ses satyres, attaque le château de la magicienne.
Circé est faite prisonnière, et elle accepte de se rendre au Roi.
Les révoltés
Ballet
final : Les Dryades vont chercher les Néréides prisonnières.
En tête, la reine Louise mène sa soeur, la jeune mariée, par la
main (rappelons que ce ballet était donné à l'occasion des noces
du duc de Joyeuse avec mademoiselle de Vaudémont, jeune soeur
de la reine). Le ballet s'organise selon des figures géométriques
et comprend 40 passages.
Il s'agit d'un ballet
allégorique et symbolique dans la manière du temps. Il a pour
but de divertir tout en faisant l'éloge du souverain. Le Roi de
France, qui en est spectateur est inscrit dans le ballet :
les dieux qui font leur entrée en scène s'adressent le saluent,
et les prisonnier viennent se prosterner à ses pieds.
La gloire du Roi est célébrée. Les satyres chantent :
Allez, ô nymphes des bois
Devers l'honneur des Valois,
De qui la grandeur royale
A celle des Dieux s'égale.
Et Jupiter :
Chère Pallas, fille, regarde-moy,
Demeure icy, tu es soeur de ce Roy,
Ce Roy mon fils, fleur du sceptre de France :
Fay des regards de Meduse changer
Ses ennemis, & son peuple ranger
Sous sa loy juste, humble d'obeissance.
Beaujoyeulx,
Baldassarino di Belgioioso, dit Balthasar de Beaujoyeulx,
(Piémont début du XVIe xiècle - 1587). Violoniste, maître de ballet
et chorégraphe. Il fut introduit à la cour de France par le maréchal
de Brissac, en 1557. En 1567, il était valet de chambre de Catherine
de Médicis, puis de Marie Stuart. Il fréquentait l'Académie créée
par Du Baïf .
Document
fourni par Melodoro :
Agrippa
d'Aubigné ou les hypothèses sur l'identité de l'auteur du livret
du Balet Comique.
Texte tiré de l'ouvrage d'Agrippa d'Aubigné, Sa Vie à ses
Enfants, édition critique préparée par Gilbert Schenck. Société
des Textes Français Modernes, 1986. P. 85 :
[1575] […]
Ce
voyage donna une grande familiarité à Aubigné avec Monsr. de Guise
(120),
ce qui ne nuisit point à le maintenir en la Cour, et en acroistre
une plus grande entre son Maistre et le Duc. Ces deux princes
couchoyent, mangeoyent et faisoyent ensemble leurs mascarades,
balets et carousels, desquels Aubigné seul estoit inventeur; et
des ce temps il dressa le project de la Circé (121),
que la Royne mere ne voulut pas executer pour la despence: et
despuis le Roy Henri troisiesme l’executa aux nopces du Duc de
Joyeuse (122).
Notes
120.
Henri Ier de Lorraine, duc de Guise, dit le Balafré
(1550-1588). Dans son H[istoire] U[niverselle], d’Aubigné
affirme également qu’il "estoit uniquement aimé des deux
frères Guisarts [Henri et le duc de Mayenne] pour la danse, pour
les balets qu’il inventoit et les entreprises qu’il leur dressoit
à cheval et à pied, comme aussi il leur servoit d’un des meilleurs
hommes de barrière, de tournoi et de bague".
121.
Circé avait été créée en septembre 1573 à l’occasion de
la réception de l’ambassade polonaise en France, mais en raison
du coût de sa réalisation, elle ne fut pas représentée (cf. H[istoire]
U[niverselle], VII, 118). Elle le sera cependant en 1581,
aux noces de Joyeuse et P. de l’Estoile en fit un vibrant éloge
(JH III [Journal], 280). En 1582, la pièce fut imprimée
sous le titre de Ballet comique de la Reine et sous la
signature de B. de Beaujoyeulx et de La Chesnaye, sans mention
d’A. d’Aubigné (cf. F. Joukovsky, "De qui est le livret du
Ballet comique de la Reine?", ds B[ibliothèque]
[d’]H[umanisme] [et] R[enaissance], 38 (1976), 343-4).
122.
Anne, duc de Joyeuse (1561-1587), un des favoris de Henri III,
épousa le 24 septembre 1581 la soeur de la reine, Marguerite de
Lorraine.
|